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TAVERNIER Paul et BURGORGUE-LARSEN Laurence

(sous la direction de)
Un siècle de droit international humanitaire

Centenaire des Conventions de La Haye, Cinquantenaire des Conventions de Genève
Bruxelles, Bruylant, 2001, vii + 262 p. (coll. du CREDHO, n° 1)

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Le Centre de Recherches sur les Droits de l’Homme et le droit humanitaire (CREDHO) a été créé en 1990 à la faculté de droit de l’Université de Rouen. Son directeur et fondateur, le professeur Paul TAVERNIER, ayant été muté à l’Université Paris XI (Faculté Jean Monnet de Sceaux), le CREDHO s’est constitué en un réseau composé de deux structures : le CREDHO - Rouen et le CREDHO - Paris Sud (http://www.credho.org). C’est ce réseau qui a organisé le colloque « Un siècle de droit international humanitaire » dont les actes paraissent dans cet ouvrage collectif. C’est le premier numéro de la Collection du CREDHO ouverte chez l’éditeur juridique belge, Bruylant.

Il ressort des communications qui ont été à juste titre mises à jour postérieurement à leur présentation[1], que le phénomène de globalisation[2] atteint aussi le droit international humanitaire (DIH) et pourrait constituer le « fil rouge »[3] de notre lecture de cette publication. Cette globalisation se manifeste à deux égards : le développement des sources du DIH et les mécanismes de mise en œuvre du DIH. Le texte de Paul TAVERNIER résume fort bien cette double évolution.

 

Globalisation des sources du Droit international humanitaire (DIH)

 

Le développement actuel du DIH est caractérisé par une extension des normes coutumières.

Une première remarque s’impose : les Conventions de La Haye et de Genève résultaient de la codification de règles coutumières, de sorte que la coutume a été à la base du DIH. Il serait donc plus juste de parler de redécouverte du processus, puisque, effectivement, le développement conventionnel a semblé dominer. Cette évolution nouvelle justifie que le Comité international de la Croix-Rouge ait réalisé une étude sur les règles coutumière en DIH, étude dont Jean-Marie HENCKAERTS présente rapidement le contenu dans sa communication puis dans les débats.

Cette redécouverte de la coutume est soutenue par la jurisprudence de la Cour internationale de justice notamment l’affaire relative à la licéité de l’emploi de l’arme nucléaire, dont Abdelwahab BIAD présente une analyse critique, en soulignant les contradictions entre le vote des juges et leurs opinions individuelles, dissidentes et déclarations, et les non-dire de l’avis au regard de l’interprétation de la qualification de « normes intransgressibles ». La juridiction internationale affirme le caractère coutumier des normes du droit de La Haye et du droit de Genève, de sorte qu’elles s’imposent aussi bien aux Etats parties qu’aux rares Etats qui ne le sont pas.

Toutefois le développement de la dimension coutumière du DIH, ne rend pas inadapté le processus conventionnel. Pour schématiser, il peut être affirmé que le droit coutumier pose les principes généraux a-temporels, tandis que le droit conventionnel établit la lex specialis, c’est-à-dire les principes in-temporels. Ainsi de la question des mines dont Jean-Michel FAVRE présente une analyse critique, mais aussi de la protection des biens culturels avec le Protocole de 1999 à la Convention de 1954 étudié dans le texte de Gilles MARHIC.

Il faut regretter qu’aucun de ces différents auteurs n’aborde la question de la régionalisation du DIH. Car l’extension de la dimension coutumière fait planer un heureux risque d’universalisation, tandis que le développement conventionnel tend à consacrer une régionalisation[4] des normes.

Ce développement des normes de DIH n’est pas synonyme d’une plus grande efficacité, d’où la nécessité de revoir les mécanismes de mise en œuvre.

 

Globalisation des mécanismes de mise en oeuvre

 

La deuxième partie de l’ouvrage présente les mécanismes de mise en œuvre du DIH en trois temps (passé, présent et futur).

D’abord, Luigi CONDORELLI présente « le seul outil nouveau de mise en œuvre du droit international humanitaire qu’on ai pu et su inventer lors de la Conférence diplomatique de 1974-1977 » (p. 87), c’est-à-dire la Commission internationale de l’établissement des faits (le passé mais aussi le présent). Un intérêt majeur de cette analyse critique réside dans l’interprétation extensive qu’il offre du mandat de la CIEF, en lui reconnaissant un droit d’initiative, en ouvrant la voie à une coopération avec la société civile notamment les Organisations non gouvernementales, et en permettant une saisine par les Organisations internationales…

Ensuite, dans le temps présent toujours, Stéphane BOURGON fait une analyse transversale de la jurisprudence du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) - y compris les Chambres d’Appel qui sont communes aux deux Tribunaux pénaux internationaux (TPI) - pour mettre en exergue ce que la nouvelle juridiction apporte au DIH. Cet apport peut se résumer une phrase : préciser dans des situations particulières, le contenu des normes du DIH. Ainsi les critères de la qualification du conflit sont apparus dans les différents arrêts de l’affaire Tadic[5] ; les lois et coutumes de la guerre sont précisées après une interprétation extensive de l’article 3 du Statut ; et les éléments permettant d’apprécier le génocide recherché, même si la jurisprudence reste vacillante à ce propos, les notions de base (race et ethnie) l’étant fondamentalement[6].

La communication de Laurence BURGORGUE-LARSEN, directrice du CREDHO-Rouen, s’attache à apprécier les difficultés du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) dans la réalisation de sa mission avec les solutions qui y ont été apportées notamment l’amélioration des Règles de Procédure et de Preuve pour tenir compte du peu d’empressement que les Etats mettent à collaborer avec le tribunal dans l’arrestation des présumés criminels. Elle tente aussi d’apprécier rapidement l’apport jurisprudentiel : les clarifications apportées par le tribunal sur le crime de génocide ont été ainsi commentées et critiquées. Mais pouvait-il en être autrement s’agissant de la qualification du génocide, que de considérer comme race, ethnie ou groupe religieux, ce qui est apparu comme tel pour le criminel, ou plutôt l’inculpé ?

Il peut être reproché à ces deux analyses une insuffisance inverse : la première ne présente aucune critique de l’activité du TPIY, du type de celles faites à l’égard du TPIR, tandis que la seconde n’appréhende que fort succinctement, l’apport jurisprudentiel du TPIR.

Enfin Eric DAVID s’intéresse au futur, avec l’adoption de la Convention de Rome portant création de la Cour pénale internationale. Il en offre une vue d’ensemble avec quelques critiques qui n’entament pas sa foi en cet avenir… dont la consistance lui a été révélé dans la « boule de cristal » !

 

Au terme de cette appréciation riche qui méritait d’être partagée, de la globalisation du DIH, il faut croire que d’autres numéros du CREDHO viendront satisfaire la curiosité qui naît, à propos des thèmes que ce colloque n’a pas permis d’aborder dont un mériterait d’être souligné : la compétence universelle. Elle constitue une autre dimension de la globalisation de la mise en œuvre du DIH. Et les questions qu’elle fait naître ne sont pas des moindres. Ainsi pourquoi la Belgique a attendu qu’une plainte soit déposée contre Ariel Sharon pour penser à modifier sa loi de 1999 pour tenir compte de la situation de « dirigeants en exercice », alors que la même loi avait fondé le mandat d’arrêt international contre Abdoulaye Yerodia Ndombasi[7] ! La politique juridique extérieure des Etats dans le développement du DIH, constitue un autre sujet d’intérêt.

 

A quand la prochaine parution de la Collection du CREDHO ? Le besoin est maintenant né avec cette première livraison !

 

Roland ADJOVI (août 2001)

 


[1] Ainsi dans sa communication écrite, Stéphane BOURGON cite l’arrêt Blaskic de mars 2000, alors que la communication avait été présentée en octobre 1999.

[2] Le terme anglo-saxon globalization correspond en français, à l’expression galvaudée de mondialisation. Globalisation en français est donc un anglicisme qui ne s’impose point. Mais nous avons préféré l’utilisation en l’espèce parce que son sens littéral (à partir de la racine global) traduit mieux notre pensée.

[3] Nous empruntons cette belle image à Laurence BURGORGUE-LARSEN.

[4] « Région » est entendue ici, au sens de « non-universel ». Une Convention est a priori régionale dans la mesure où les normes établies ne s’imposent qu’aux Etats parties. Mais il est évident qu’une convention à la quelle sont parties tous les Etats est universelle ; et ceci n’écarte pas la possibilité qu’une norme conventionnelle acquiert une valeur coutumière qui pourrait impliquer toute la communauté internationale.

[5] Une jurisprudence évolutive comme il se doit, en fonction des circonstances particulières et du niveau de juridiction.

[6] On pourra s’étonner que les travaux de l’UNESCO à propos de la race n’aient pas pu être mieux mis à profit pour ne retenir que la seule méthode efficace, la casuistique appliquée à la personne du criminel, du présumé criminel j’entends.

[7] Voir à ce propos les différentes pièces de la procédure en cours devant la Cour internationale de Justice (http://www.icj-cij.org). Notre prochaine chronique (septembre 2001) présentera une analyse critique de cette affaire.

 

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Paul TAVERNIER est professeur à l'Université de Paris Sud et directeur du CREDHO - Paris Sud.

Laurence BURGORGUE-LARSEN est professeur à l'Université de Rouen et directrice du CREDHO - Rouen.

 

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Avant-Propos, par Paul TAVERNIER et Laurence BURGOGUE-LARSEN

De 1899 à 1999 : Eclatement ou approfondissement du droit international humanitaire ?, par Paul TAVERNIER, professeur à l’Université de Paris XI, Directeur du CREDHO Paris-Sud

 

 

Première Partie. Pérennité ou renouvellement des sources du droit humanitaire ?

 

Importance actuelle du droit coutumier, par Jean-Marie HENCKAERTS, conseiller juridique au Comité international de la Croix-Rouge  

  • La révision et le développement des normes conventionnelles  

Le problème des mines, par Jean-Michel FAVRE, docteur en droit, chargé de mission à la direction des affaires juridiques du ministère des Affaires étrangères

Le Protocole de 1999 additionnel à la Convention de 1954 sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé, par Gilles MARHIC, chef du bureau du droit des conflits armés à la direction des affaires juridiques du ministère de la Défense

  • Le rôle du juge international  

L’apport au droit international humanitaire de l’avis de la CIJ sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, par Abdelwahab BIAD, maître de conférences à l’Université de Rouen, membre du CREDHO

Débats : Pérennité ou renouvellement des sources du droit humanitaire

 

 

Deuxième Partie. Vers une plus grande efficacité du droit humanitaire ?  

  • La mise en œuvre du droit international humanitaire  

La Commission internationale humanitaire d’établissement des faits : un outil obsolète ou un moyen utile de mise en œuvre du droit international humanitaire, par Luigi CONDORELLI, professeur à l’Université de Genève  

  • La répression pénale internationale : l’expérience des tribunaux pénaux ad hoc  

Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie : avancées jurisprudentielles significatives, par Stéphane BOURGON, chef de cabinet, bureau du Président, TPIY

De la difficulté de réprimer le génocide rwandais : l’expérience du Tribunal pénal international pour le Rwanda, par Laurence BURGORGUE-LARSEN, professeur à l’Université de Rouen, Directeur du CREDHO-Rouen  

  • La répression pénale internationale  

L’avenir de la Cour pénale internationale, par Eric DAVID, professeur ordinaire à l’Université libre de Bruxelles

Débats : Vers une plus grande efficacité du droit humanitaire ?

Conclusions générales, par Eric DAVID, professeur ordinaire à l’Université libre de Bruxelles

 

 

Annexes

 

Annexe n°1

Plan d’action – Etude du CICR sur les règles coutumières du droit international humanitaire (décembre 1995)

 

Annexe n°2

Deuxième Protocole relatif à la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (La Haye, 26 mars 1999)

 

Annexe n°3

Circulaire du Secrétaire général du 6 août 1999 (ST/SGB/1999/13) – Respect du droit international humanitaire par les forces des Nations Unies

 

Annexe n°4

Résolution de l’Assemblée générale du 26 juin 2000 (A/RES/54/263) Protocoles facultatifs se rapportant à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés et la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants (seul le premier protocole intéressant le droit international humanitaire est reproduit).

 

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Prix (indiqué par l'éditeur) : 1500 Bef - 37,18 € 

ISBN : 2-8027-1461-9

272 p.

 

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