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CISSÉ Yacouba

Droit des espaces maritimes et enjeux africains

Montréal , Wilson & Lafleur Ltée, 2001, 310 p.

(Coll. Bleue, Série monographies)

Note de lecture - Auteur - Commande

Haut de la page Note de lecture

Dans son ouvrage, tiré d'une thèse soutenue à l'Université d'Ottawa, Yacouba Cissé se penche sur les problèmes de délimitations maritimes en Afrique et cherche à déterminer quelles sont, si elles existent, les spécificités africaines dans ce domaine ainsi que les contributions des Etats africains au droit des espaces maritimes.
La construction générale de l'étude pourra ne pas convaincre tous les lecteurs. En effet, alors que la première partie se présente comme un panorama de l'évolution du droit des espaces maritimes, passant en revue les questions liées aux sources, aux titres, aux critères, aux techniques et aux méthodes de délimitation, ce n'est que dans la deuxième partie de l'ouvrage que l'étude montre tout son intérêt, l'auteur plongeant véritablement au cœur des problèmes auxquels sont confrontés les Etats africains.
Après avoir présenté les enjeux des espaces maritimes africains relatifs aux ressources halieutiques et à leur surexploitation, aux ressources en hydrocarbures, aux routes maritimes et à la protection de l'environnement, l'auteur insiste sur la dialectique limitation/délimitation des espaces maritimes avant de discuter la notion de frontière dans le contexte africain. Ce faisant, il analyse les influences africaines avant et pendant les négociations qui se sont déroulées dans le cadre de la troisième Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer. A cette occasion, l'auteur montre que, pour de nombreux Etats africains, il s'agissait d'une prise de conscience des enjeux que représentent les espaces maritimes, prise de conscience qui a conduit non pas à une politique de la table rase, mais davantage à des revendications de réaménagement du droit de la mer. Les positions des Etats africains lors de la troisième Conférence paraissent souvent convergentes, voire «
avant-gardistes » (p. 281) selon les termes de l'auteur, principalement lorsqu'ils revendiquent l'assimilation du régime juridique de la zone économique exclusive et du plateau continental. L'auteur ne manque cependant pas de souligner les divergences, aussi bien sur la question du régime juridique des espaces que sur celle des règles et méthodes de délimitation, qui hypothèquent l'émergence d'une éventuelle coutume régionale dans le domaine.
En étudiant la pratique des Etats africains, l'auteur décrit la diversité des législations nationales qui présentent souvent des problèmes de conformité avec les règles posées par la Convention sur le droit de la mer de 1982, qu'il s'agisse des lignes de base, de la mer territoriale, de la zone contiguë, de la zone économique exclusive ou de la zone de pêche. De même, il en vient à constater qu' « en Afrique, les lois nationales conformes aux dispositions pertinentes de la Convention sur le droit de la mer en matière de conservation et d'exploitation des ressources biologiques ne sont pas légion » (p. 176).
La délimitation des espaces maritimes pouvant résulter soit d'accords entre Etats, soit d'une décision d'une juridiction internationale, voire de la combinaison des deux, l'auteur consacre d'importants développements à ces moyens de détermination des frontières maritimes, en rappelant que sur 118 frontières maritimes potentielles, une dizaine seulement a été délimitée. Passant en revue les accords bilatéraux de délimitation par région (golfe de Guinée, océan Indien, mer Rouge, Méditerranée), l'auteur analyse les critères, fort variables, retenus pour procéder à ces délimitations (critères politiques, historiques et stratégiques ; juridiques ; socio-économiques et environnementaux ; géographiques ; géologiques et géomorphologiques) avant de se pencher sur les méthodes employées. L'auteur étudie également les différends maritimes africains soumis au juge ou à l'arbitre en discutant de manière approfondie les méthodes et critères consacrés par la juridiction saisie.
L'auteur développe par ailleurs l'idée d'une « philosophie africaine du droit de la mer » (p. 187) qui a conduit les Etats africains à militer pour la création d'une zone économique exclusive dans laquelle « l'exclusivité et le partage coexistent quand il est question d'exploitation, d'exploration et de conservation des ressources économiques […] » (p. 186), mais dont il faut bien avouer que le lecteur peut avoir quelques difficultés à saisir les contours comme le contenu exact.
Enfin, l'auteur se demande si le développement du régionalisme maritime africain favorise l'émergence de zones de développement conjoint qui pourraient permettre d'apporter une solution aux problèmes de délimitation des espaces maritimes. Ces zones de développement conjoint se définissent selon l'auteur comme « un système d'exploration et d'exploitation des ressources maritimes vivantes et non vivantes se trouvant dans le plateau continental et dans la zone économique exclusive de deux ou plusieurs Etats côtiers […], un espace multi-usage pouvant englober à la fois les ressources (ex. : toutes les ressources naturelles partagées) et les services (ex. : protection de la zone contre la pollution et recherche scientifique conjointe) » (p. 261). Se rattachant notamment au concept de droit de voisinage ainsi qu'aux articles 74 et 83 de la Convention sur le droit de la mer concernant les arrangements provisoires que les Etats peuvent conclure dans l'attente de la conclusion d'accords de délimitation de la zone économique exclusive et du plateau continental, ces zones de développement conjoint sont présentées par l'auteur comme des moyens d'apaiser les tensions frontalières. Les modèles utilisés dans la pratique ainsi que la multiplication de ces zones dans plusieurs régions africaines apparaissent effectivement comme l'une des solutions permettant de prévenir l'émergence et le développement de différends frontaliers par le biais d'une coopération renforcée entre les Etats concernés. Elles ne paraissent cependant pas pouvoir se substituer, dans l'état actuel du droit international et de la société internationale, à une véritable délimitation des espaces.
Si l'on peut certes regretter l'absence de cartes qui auraient permis de mieux visualiser les enjeux frontaliers tout comme l'absence d'un index, il n'en demeure pas moins que l'ouvrage de Yacouba Cissé est des plus intéressants et des plus utiles pour appréhender les nombreuses contributions africaines au droit des espaces maritimes. L'étude approfondie à laquelle s'est livré l'auteur viendra sans nul doute enrichir la doctrine francophone dans ce domaine.
 

Note rédigée par Christophe Nouzha (avril 2002).

 

Haut de la page Auteur

Yacouba CISSÉ est titulaire d'une licence et d'une maîtrise en droit de l'Université d'Abidjan, d'une maîtrise en science de la gestion des ressources maritimes de l'Université du Québec et d'un doctorat en droit de l'Université d'Ottawa. Pour sa thèse, objet de la présente publication, l'auteur a reçu la médaille du Barreau de paris. Il a été boursier du Centre de recherche de l'Académie de droit international de La Haye aux Pays-Bas et a agi comme conseiller juridique pour la Côte-d'Ivoire aux Nations Unies à New York.

 

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S'adresser aux Editions Wilson & Lafleur Ltée

40, rue Notre-Dame Est

Montréal (Québec), H2Y 1B9, Canada

Tél. : + 1 514 875 6326 - Fax : + 1 514 875 8356

Internet : www.wilsonlafleur.com

ou chez votre libraire

Prix (indiqué par l'éditeur) : 57,00 $ Can 

ISBN : 2-89127-535-7

310 p.

 

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