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Entretien relatif à l'intervention armée au Kosovo
avec le Général d'armée Jean COT

Ancien Commandant de la FORPRONU
Propos recueillis par Patrice Despretz et Payam Shahrjerdi le 2 juillet 1999, en marge de la Conférence "Protéger les populations dans la guerre", organisée par Médecins du Monde, Grande Arche de la défense, Paris.
Important : Ces propos reflètent les opinions personnelles de leur auteur.

 

Quel jugement portez-vous sur l'opportunité ainsi que sur les retombées humanitaires des frappes aériennes de l'Alliance au Kosovo ?

J'ai eu l'occasion d'exposer mon point de vue dans un article intitulé "quand les moyens tuent les fins…" et qui est paru le 27 mars dernier dans les colonnes du quotidien Le Monde. Hélas, mon avis n'a guère changé. Quel que soit le discours officiel tenu depuis le début, je crois toujours que la stratégie sans risque du "tout avion" était inadaptée au but politique affiché :
- Arrêter au plus tôt l'appareil répressif des Serbes,
- Combler le fossé entre Serbes et Albanais.

Vous en conviendrez, on est loin du compte ! Pourtant, on nous dit que "les résultats sont globalement satisfaisants". Pour moi, la solution était simple : il fallait arrêter les assassins là où ils commettaient leurs crimes. Je sais qu'en disant cela je ne suis pas politiquement correct. Que cela nous serve de leçon et surtout que cela serve de leçon à l'Europe ! Une fois de plus, nous avons été à la remorque des Etats-Unis dans ce drame des Balkans. Bismark disait "les Balkans ne valent pas les os d'un seul Poméranien", mais aujourd'hui la donne a quelque peu changé. Je comprends que les Américains n'aient pas la même vision que nous. Nos intérêts et ceux des Américains seront de plus en plus différents voire divergents. Si aujourd'hui 540 millions d'Européens ne parviennent pas à s'affranchir de la tutelle de 270 millions d'Américains, alors il y a lieu de s'inquiéter. Toutefois, ma réticence à l'égard du leadership américain en matière militaire n'est pas obsessionnelle. Ainsi, si les Américains avaient voulu s'engager dans une opération terrestre, j'aurais applaudi des deux mains, car cela aurait sans aucun doute permis d'éviter de nombreuses victimes.

Dans quelle mesure pensez-vous que le militaire puisse être, sur le terrain, considéré comme étant le complément indispensable de l'humanitaire ?

Le militaire a aujourd'hui deux fonctions essentielles pour lesquelles il est préparé, la première restant prioritaire :
- Faire la guerre,
- Empêcher les autres de faire la guerre.

Toutefois, lorsqu'il est placé dans des mandats ambigus - comme celui de la Forpronu - le militaire ne peut pas ne pas faire de l'humanitaire. Il a un cœur et ne saurait rester indifférent. Dans les cas où la galaxie humanitaire ne paraît pas capable de gérer la situation, le militaire doit intervenir. Pour autant, nous ne sommes pas - le militaire et l'humanitaire - concurrents... Et pourtant ! J'avais une unité française de fabrication de pain à Sarajevo. J'ai eu des problèmes avec le représentant de l'UNHCR qui n'admettait pas que nous distribuions du pain aux civils !

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