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Le retrait des négociations pour un tribunal mixte au Cambodge : 
LES NATIONS UNIES AVAIENT-ELLES véritablement LE CHOIX ? 
  
par 
David Boyle 
et Julie Lengrand 
Law Clinic - Paris 
  
  
  
  
    
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Résumé : 
Depuis plus de quatre ans, le 
Secrétariat général des Nations Unies négociait avec le Cambodge, à la demande 
de celui-ci, en vue d'ériger un mécanisme judiciaire permettant de juger les 
personnes responsables de crimes internationaux commis sous le régime des Khmers 
rouges. Le 8 février 2002, le Secrétariat a annoncé son retrait de ce processus. 
Soutenue par la société civile, contestée par certains Etats parmi les plus 
influents, cette décision s’explique par la volonté de plus en plus marquée des 
autorités cambodgiennes d’exercer seules le contrôle sur ces procès. L’Organisation 
des Nations Unies ne pouvait garantir le respect des standards internationaux 
applicables en matière de justice sans avoir un droit de regard minimal. La 
balle est désormais dans le camp des autres organes onusiens et des Etats 
membres. 
  
Abstract :
For more than four years, the United Nations Secretariat has been negotiating 
with Cambodia, at its request, with a view to establishing a judicial mechanism 
to try those responsible for the international crimes committed under the Khmer 
Rouge regime. On 8 February 2002, the Secretariat announced that it was pulling 
out of the process. This decision, supported by civil society but contested by 
some of the most influential States, is the result of the increasingly clear 
intention of the Cambodian authorities to exercise sole control over the trials. 
The United Nations could not guarantee respect for the applicable international 
standards of justice without a minimal supervisory role. The ball is now in the 
court of the other UN bodies and State Members. 
  
Impression
        et citations : Seule la version
        au format PDF fait référence.  | 
     
   
  
 
  
  
Le 8 février dernier, les Nations Unies ont 
annoncé leur retrait des négociations engagées depuis plus de quatre ans avec 
les autorités cambodgiennes en vue d’établir une juridiction compétente pour 
juger les crimes commis entre 1975 et 1979 sous le régime des Khmers rouges. Le 
conseiller juridique du Secrétaire général, Hans Corell, a estimé que le 
tribunal "mixte" établi par la loi cambodgienne promulguée le 10 août 2001 (la 
"Loi"), 
"ne pouvait pas garantir le respect des principes d’indépendance, 
d’impartialité et d’objectivité", condition obligatoire pour toute 
participation des Nations Unies au processus (Nations Unies, Daily Press
Briefing, 8 Février 2002).  
  
Le désaccord de fond entre les Nations Unies et 
le Gouvernement cambodgien quant aux garanties d'un procès équitable n'est pas 
nouveau. En effet, les insuffisances de la Loi cambodgienne par rapport à 
l'accord de principe arrêté entre les parties en juillet 2000 (le projet de 
Memorandum) 
avaient été soulevées depuis longtemps. Les deux parties estimaient cependant 
que ces lacunes n’entraveraient pas le déroulement des procès. En fait, les 
divergences ayant conduit l'Organisation des Nations Unies à se retirer des 
négociations sont d’un autre ordre : l'ONU considère que le Gouvernement 
cambodgien a rejeté son exigence selon laquelle l'assistance fournie par 
l'Organisation devait être régie par un accord contraignant fondé sur les termes 
du Memorandum. 
  
Suite à l'annonce de ce retrait, de nombreuses 
organisations cambodgiennes et internationales de défense des droits de la 
personne manifestèrent leur soutien à cette décision tout en invitant les 
Parties à continuer à chercher une solution. Cependant, plusieurs Etats - dont 
l'Australie, les Etats-Unis, la France et le Japon - ont insisté auprès des 
Nations Unies pour qu’elles reprennent les négociations. De leur côté, les 
autorités cambodgiennes se déclarèrent dans un premier temps surprises par cette 
déclaration – apparemment faite à la presse sans communication préalable au 
gouvernement – et ouvertes à la poursuite des échanges … tout en réaffirmant 
néanmoins que la Loi instaurait un mécanisme judiciaire conforme aux standards 
de droit international (Reuters, 10 février 2002). Deux jours plus tard, 
elles durcirent le ton, informant les journalistes de leur refus d’accepter 
toute concession supplémentaire, à charge pour les Nations Unies d’être plus 
flexibles (Reuters, 13 février 2002).  
  
Cette interruption unilatérale du processus est 
aussi préoccupante que complexe et son issue reste très incertaine. Sans 
reprendre tout le détail des différentes propositions, 
cet article s'attache à démontrer comment les causes de la décision de retrait 
des Nations Unies, de nature juridique et politique, ont surgi au fur et à 
mesure des échanges entre l’Organisation et l’Etat cambodgien. En effet, la 
décision du Secrétariat général ne peut être abordée en dehors du contexte des 
négociations (I), et de l'évolution récente de la situation au Cambodge (II).
 
  
  
I. - Une marge de manœuvre constamment réduite par les autorités cambodgiennes 
  
  
Il n’est pas inutile de rappeler 
que le processus fut initié à la demande des autorités cambodgiennes, en quête 
d'une légitimité renforcée ainsi que d’un soutien juridique et financier 
indispensable. 
Cependant, les propositions des Nations Unies portant sur un mécanisme adapté 
aux besoins de justice internationale au Cambodge ont été systématiquement 
repoussées par les négociateurs khmers. A chaque étape, l'ONU a subi des 
pressions des Etats Membres influents - en premier lieu des États-Unis - pour 
poursuivre les négociations. 
L'Organisation a ainsi été contrainte de négocier sur des bases considérées par 
ses conseillers juridiques comme étant insuffisantes pour assurer des procès 
équitables, et ce, que les discussions aient porté sur la mise en place d’une 
juridiction internationale (A) ou sur les modalités de la participation 
internationale dans des procès internes (B). 
  
  
A. - D’un tribunal international à des 
juridictions internes sui generis
  
  
S'agissant du statut juridique 
du mécanisme, l’exigence initiale d’un tribunal international a été écartée et 
remplacée par la mise en place d’un tribunal cambodgien sui generis avec 
une "participation internationale importante".  
  
Plus précisément, par une lettre 
datée du 21 juin 1997, le Prince Norodom Ranariddh et Hun Sen – co-premiers 
ministres du Gouvernement cambodgien de l’époque – demandèrent à l’Organisation 
des Nations Unies "une assistance de même type" que celle qu’elle 
apportait au Rwanda et à l’ex-Yougoslavie en matière de droit international 
pénal. Ils souhaitaient "établir la vérité [sur les crimes commis entre 
1975 et 1979 par l’administration des Khmers rouges] et traduire les 
responsables en justice", mais reconnaissaient que le Cambodge n’avait "ni 
des ressources ni des compétences nécessaires pour poursuivre cette procédure 
très importante". A la suite de ce courrier, l'Assemblée générale des 
Nations Unies autorisa le Secrétaire général à nommer un groupe d’experts chargé 
de déterminer quel serait le mécanisme le plus approprié à la situation du 
Cambodge (Doc. NU A/RES/52/135, 12 décembre 1997). Le rapport qui suivit 
préconisa la création d’un tribunal international ad hoc par le Conseil 
de sécurité sur le fondement des chapitres VI ou VII de la Charte ou, à défaut, 
par l’Assemblée générale.
 
  
Pourtant, moins d’un mois après 
réception dudit rapport (le 12 mars 1999), le Ministre des affaires étrangères 
et de la coopération internationale du Cambodge indiqua au Secrétaire général 
des Nations Unies que son gouvernement avait décidé de recourir aux juridictions 
cambodgiennes pour juger, selon le droit national, les personnes soupçonnées 
d’avoir commis sur le territoire les crimes les plus graves perpétrés entre 1975 
et 1979. Le rôle confié à l’organisation internationale dans ce cadre se 
réduisait alors à l’apport d’une aide et d’une expertise extérieures. Ainsi, 
deux ans à peine après la formulation de leur demande, les autorités 
cambodgiennes optaient pour un système d’assistance très éloigné de celui mis en 
œuvre pour le Rwanda et l’ex-Yougoslavie qu’elles avaient pourtant initialement 
pris comme référence. 
Si les capacités matérielles et humaines du système judiciaire cambodgien 
avaient été développées de manière significative depuis 1997, les autorités 
auraient peut-être pu démontrer qu’elles pouvaient garantir devant les 
juridictions internes le respect des normes internationales minimales 
applicables. Une telle évolution aurait sans conteste justifié leur revirement 
puisque, quand cela est possible, il est toujours préférable que les 
juridictions d’un Etat jugent elles-mêmes leurs ressortissants soupçonnés 
d’avoir commis des crimes internationaux sur son territoire. Cependant, cette 
amélioration n’eut pas lieu et, en 1999, le Cambodge se trouvait toujours dans 
l'incapacité de mener à bien sans une assistance internationale un tel processus 
dans le respect des standards internationaux applicables, comme le fit remarquer 
à l’époque le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Kofi Annan 
(lettre adressée le 15 mars 1999 aux présidents de l’Assemblée générale et du 
Conseil de sécurité).
 
  
  
A la suite de cette décision 
gouvernementale, le Premier Ministre cambodgien Hun Sen demanda le 17 juin 1999 
aux Nations Unies l’aide d’experts pour la rédaction de la loi cambodgienne 
instaurant ces juridictions internes. Sous la pression des États-Unis, le 
Secrétaire général accepta de négocier sur cette nouvelle base. 
 
  
  
B. - Des négociations de plus en plus difficiles
  
  
Contrainte d'accepter le 
principe d’un procès mené par les juridictions cambodgiennes, l'ONU essaya de 
mettre en place un tribunal spécial comprenant une participation 
internationale concrète et respectant les principes généraux de la justice 
pénale afin de garantir des procès équitables et impartiaux. Ainsi, en 
juillet 1999, le Secrétaire général fit une contre-proposition qui devait 
marquer le début d’un long processus de négociations destiné à trouver un modèle 
qui garantirait à la fois "l'exercice d'une justice véritablement indépendante 
et efficace, et le respect de la souveraineté cambodgienne".
 
  
Toujours présente en filigrane, 
la question du contrôle judiciaire du processus posa des difficultés 
croissantes. A plusieurs reprises au cours de l’élaboration de la Loi, les 
Nations Unies firent part de leurs préoccupations aux autorités cambodgiennes 
concernant différents points essentiels, parmi lesquels figuraient la limitation 
extrême de la compétence personnelle, la prédominance des juges cambodgiens, 
l’application insatisfaisante de la procédure pénale, la question des amnisties 
et des garanties d'arrestation des personnes poursuivies. A de rares exceptions 
près, le gouvernement n’en tint pas compte. Par ailleurs, à chaque blocage, les 
États-unis intervinrent pour imposer à l’Organisation des solutions aussi 
novatrices que hasardeuses sur le plan du déroulement pratique des procès. C'est 
ainsi que le Cambodge obtint l’adoption du principe de juges nationaux 
majoritaires et de personnel d'instruction égalitaire en échange de la mise en 
place d'un système compliqué de "super majorités" garantissant une prise en 
compte minimal du dispositif international. 
  
D’autre part, la lenteur des 
échanges provoqua des tensions entre les parties, chacune rejetant la 
responsabilité sur l’autre. Si l'on s'accorde à penser que les autorités 
cambodgiennes ont tout mis en oeuvre pour retarder le processus, les Nations 
Unies n'ont de leur côté pas toujours été au rendez-vous en raison des exigences 
liées à d’autres dossiers de justice internationale. 
  
  
Malgré ces conditions de plus en 
plus difficiles, l’ONU poursuivit les négociations avec le Cambodge. Ainsi, le 7 
juillet 2000, elle présenta un projet de Memorandum of Understanding 
destiné à encadrer sa coopération avec l’Etat cambodgien pendant que ce dernier 
élaborait la loi établissant des "Chambres extraordinaires" pour juger les 
Khmers rouges. A ce stade, de nouvelles mésententes virent encore le jour mais 
cette fois-ci, elles se révélèrent insurmontables. 
  
  
II. – LE POINT DE RUPTURE
  
  
L’échec des négociations portant 
sur l’articulation du Memorandum avec la loi cambodgienne dans l’ordre 
juridique national (A), cumulé à un contexte politique cambodgien peu 
encourageant (B), ont conduit les Nations Unies à se retirer du processus 
d’établissement d’un tribunal mixte. 
  
  
A. – Le Memorandum et la Loi dans l’ordre 
juridique cambodgien
  
  
Sans qu’il soit possible 
actuellement de déterminer avec certitude comment une telle divergence ait pu 
voir le jour, de profonds désaccords surgirent entre les parties sur la question 
de savoir quelle était la nature de ce Memorandum et sa place dans la 
hiérarchie des normes cambodgiennes. S’il est vrai que ce document ne mentionne 
à aucun moment une quelconque nature conventionnelle, il semble inconcevable que 
les Nations Unies aient pu envisager de conclure un accord ne liant pas l’Etat 
co-contractant qui avait sollicité leur aide. La confusion sur ce point est en 
réalité intimement liée au glissement progressif évoqué précédemment, à savoir 
que le principe d’une juridiction interne sui generis a été substitué à 
celui d’une juridiction internationale prévu au départ. En effet, le concept 
d'un accord bi-latéral suivi d’une législation interne de mise en œuvre fut 
dégagé par le groupe d'experts des Nations Unies (voir le texte cité supra) 
à une époque où le mécanisme envisagé devait être semblable à celui établi pour 
la Sierra Leone, c’est-à-dire fondé par un traité et extérieur au système 
national. 
Ce concept semble avoir été accepté pendant une partie des négociations mais on 
peut se demander s’il n’a pas été remis en cause par la modification du type de 
juridiction choisi. Pour sa part, l’ONU a systématiquement demandé que le 
Memorandum soit signé avant le commencement du processus législatif, comme 
tout accord international. Là encore, elle fut contrainte de céder lorsque, au 
début de l'année 2000, Hun Sen refusa de suivre cette chronologie au motif qu’il 
devait respecter la séparation des pouvoirs. Beaucoup ne virent là qu'une 
manœuvre dilatoire supplémentaire faisant prévaloir l’aspect politique sur 
l’aspect juridique. 
Il fut donc convenu que l’accord conclu entre les Parties entrerait en vigueur 
une fois que les formalités nécessaires auraient été accomplies des deux côtés. 
  
Au final, dans la version 
retenue par la Loi promulguée le 10 août 2001, les Chambres extraordinaires 
furent solidement ancrées dans le régime du droit national. Quant au 
Memorandum, il fut limité à la définition de la nature de la coopération 
internationale et le statut des juridictions n'y fut pas annexé, conformément à 
la volonté des négociateurs cambodgiens. Par la suite, les autorités khmères 
refusèrent catégoriquement toute modification du texte législatif invoquant 
notamment la Constitution et leur conception selon laquelle le Memorandum 
et la Loi devaient se compléter sans que l’un soit supérieur à l’autre. A 
l’inverse, les Nations Unies affirmèrent que le Cambodge était tenu de respecter 
cet accord en vertu du principe pacta sunt servanda et que dès lors la 
Loi ne pouvait contenir des dispositions contraires. Les demandes de l'ONU 
furent toutes rejetées.  
  
Par conséquent, la Loi 
applicable en l’état ne garantissait pas le respect des standards internationaux 
applicables en matière de justice et il semblait fort peu probable que les 
autorités cambodgiennes la modifient. En outre, l’ONU était privée de tout moyen 
de faire évoluer cette situation. Ne pouvant participer à un processus aussi 
incertain sous peine de légitimer une procédure très contestable voire 
inacceptable, son retrait des "négociations" s’imposait.  
  
  
L’appréhension des Nations Unies 
vis-à-vis de l’évolution de ce processus judiciaire a sans doute été accrue par 
l’actuelle situation politique du Cambodge. En effet, malgré une aide 
conséquente de l’ONU depuis de nombreuses années, peu de progrès ont été 
réalisés dans ce pays s’agissant de l’instauration d’un Etat de droit, comme l’a 
récemment confirmé le déroulement des élections locales. 
  
  
B. – L’influence du contexte politique actuel au 
Cambodge
  
  
Coïncidence, volonté de ne pas s’ingérer dans 
les premières élections locales qu’a connues le pays (au moins depuis 
l'opération onusienne), ou violation de trop des droits de la personne lors de 
ces élections, l’annonce par les Nations Unies de leur retrait des négociations 
avec le Cambodge est survenue quelques jours seulement après la tenue d’un 
scrutin dont les écarts par rapport aux standards internationaux applicables 
furent largement dénoncés. 
La situation des droits et libertés dans ce pays est en effet très préoccupante, 
bien qu’elle ne soit cependant pas aussi grave que celle de ses voisins. 
  
A cet égard, l’état du système judiciaire 
cambodgien est significatif : de nombreuses études soulignent son mauvais 
fonctionnement et une corruption endémique. Dans le rapport précité de 1999, les 
experts mandatés par le Secrétaire général avaient relevé de nombreux éléments 
allant dans ce sens : le caractère imprécis des bases légales, l’impossibilité 
d’exercer de manière "équitable et efficace" la justice dans les 
tribunaux cambodgiens pour différents motifs, et la non conformité du système 
aux "normes de justice pénale établies dans le Pacte international relatif 
aux droits civils et politiques et dans les autres instruments pertinents" 
s’agissant du respect du principe d’impartialité (§§ 123 et 126-129). Pour 
toutes ces raisons, ils avaient déconseillé le recours aux tribunaux nationaux, 
et cela même si une part conséquente du personnel était internationale. La 
situation ne semble nullement s’être améliorée au cours des trois dernières 
années ; le manque de confiance en la justice est tel que des milices 
d’autodéfense se sont développées. 
  
Dans un tel contexte, les procès d’anciens 
Khmers rouges (à supposer qu’ils puissent avoir lieu avant le décès de tous les 
responsables) risquent très fortement de violer les droits des victimes comme 
ceux de la défense. Dans un pays où l’impunité est la principale cause 
d’inquiétude en matière de droits de la personne, de tels procès risquent 
d’aggraver la conjoncture. La réconciliation nationale ne peut pas avoir lieu 
dans ces conditions. Les Nations Unies ne pouvaient pas cautionner un tel 
processus ; elles devaient au contraire le dénoncer. 
  
  
Conclusion
  
  
Après avoir reconnu son incapacité à poursuivre 
les anciens dirigeants khmers rouges et demandé une assistance aux Nations 
Unies, les autorités cambodgiennes ont finalement fait en sorte de s’assurer le 
contrôle judiciaire de leur procès bien que la situation de la justice ne se 
soit pas améliorée dans le pays. Privées de marge de manœuvre et de réelle 
influence dans les "négociations", les Nations Unies en ont tiré les 
conséquences et ont décidé de se retirer d’un processus judiciaire inacceptable. 
L’intransigeance et la mauvaise foi (manifeste dans certaines déclarations) 
adoptées par les autorités cambodgiennes amènent à penser que l’organisation 
internationale n’aura pas la possibilité de revenir sur sa décision. Face au 
risque de parodie de justice et d’impunité des principaux responsables des 
crimes internationaux commis entre 1975 et 1979, deux possibilités sont encore 
envisageables : l’intervention des autres organes des Nations Unies ou celle des 
Etats membres. En effet, le Secrétariat général n’avait pas seul les moyens 
d’influencer les autorités cambodgiennes comme le démontre sa décision du 8 
février dernier ; l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité auraient 
sûrement plus de poids. Par ailleurs, les Etats entretenant des relations 
diplomatiques régulières avec le Cambodge devraient proposer leur assistance 
(comme le demande le gouvernement) et tout mettre en œuvre pour que le 
déroulement du procès des anciens Khmers rouges se déroule de manière 
indépendante, impartiale et objective.  
  
Dans un cas comme dans l’autre, la volonté 
politique est déterminante et il est à espérer que le contexte international 
fortement marqué par les attentats du 11 septembre 2001 n’empêchera pas les 
Etats qui en ont les moyens de fournir des efforts soutenus en vue de mettre fin 
à l’impunité au Cambodge. Il faut renverser la tendance qui consiste à mettre la 
pression sur les Nations Unies pour qu'elles abaissent le niveau de leurs 
exigences. Si la décision de retrait de l'Organisation est tel le doigt du sage 
qui montre la Lune, il devient urgent de cesser de le regarder pour se tourner 
enfin vers la Lune.   
  
  
 * * *  
  
 
 REFERENCES 
BIBLIOGRAPHIQUES 
  
  
  David BOYLE, "Quelle justice pour les Khmers 
  rouges ?", Revue Trimestrielle des Droits de l'Homme, Bruylant, 
  Bruxelles, 10e année, No. 40, 1er octobre 1999, pp. 773-826.  
  David
  Boyle, "Une juridiction hybride 
  chargée de juger les Khmers rouges", Droits fondamentaux, N° 1, 
  juillet-décembre 2001, pp. 215-229. [http://www.revue-df.org]  
  Jean-Pierre
  GettI, William
  Schabas, Violations des droits 
  de l'homme au Cambodge : Justice et lutte contre l'impunité, FIDH, Rapport 
  No. 284, décembre 1999.  
  Suzannah 
  LINTON, "Cambodia, East Timor and Sierra Leone: experiments in international 
  justice", Criminal Law Forum 12, Kluwer Academic Publishers, 
  Netherlands, 2001, pp. 185-246.  
  Stephen
  Heder, Brian D. 
  Tittemore, Seven Candidates for Prosecution: Accountability for the 
  Crimes of the Khmer Rouge, War Crimes Research Office, Washington College 
  of Law, American University and Coalition for International Justice, June 
  2001, 129 p.   
  Voir aussi le site 
  Opinions & Re(s)sources sur le Cambodge mis en place par David Boyle sur 
  le Réseau Internet pour le Droit International [http://www.ridi.org/boyle]. 
    
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
  
   
 
  
    
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Copyright : © 2002 David Boyle et Julie Lengrand. Tous droits réservés. Impression
        et citations : Seule la version
        au format PDF fait référence. 
Mode 
officiel de citation :  
BOYLE D. et LENGRAND J. - 
"Le retrait des négociations pour un tribunal mixte au Cambodge : Les Nations 
Unies avaient-elles véritablement le choix ?". - Actualité et Droit 
International, mars 2002. [http://www.ridi.org/adi].  | 
     
   
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